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  • Sophie Verchère

UN REGARD POUR L'ART








« Entrons dans le vestibule ! une double porte s’ouvre entre deux boites à lumière qui, le soir venu, mettent en scène les hôtes de la villa Cavrois et leurs invités » Corine Giron nous prend par la voix pour faire émerger l’image. Corine raconte l’art, les lieux d’art.


Il était temps qu’elle arrive avec son large sourire ! Ce jour-là, à ce moment-là, dans ce restaurant du 1er arrondissement, les personnes attablées semblent s’être donné la consigne de ne pas se détendre ! Corine et sa dégaine à l’élégance discrète prend place, commande un plat et s’anime. Elle sort de l’exposition sur les années 80 au Musée des Arts décoratifs. Un plongeon dans une décennie assez folle, joyeuse et libre. Diplômée d’une prestigieuse école de commerce, la question qui vient au fil de l’ échange est « comment se fait-il qu’elle n’ait pas choisi des études d’art ? » Peut-être le sujet n’a-t-il jamais été posé sur la table ! Finalement, tandis qu’elle gère sa petite entreprise de cinq enfants, elle se forge en parallèle une solide culture en histoire de l’art. Après trois décennies d’existence, le bilan de la PME est ultra positif car les chères têtes blondes ont pris leur envol, armés et heureux. La voici prête pour un transfert d’énergie dans une nouvelle aventure. La pandémie donne l’impression d’un STOP à son investigation mais se révèle être un terreau pour positionner et développer son passionnant projet. Elle décide dans un premier temps de se rendre utile en proposant à des associations des cours de langues. Elle est trilingue. UN REGARD POUR TOI qui soutient les non- voyants la contacte. Début d’une collaboration. Rapidement germe l’idée de donner accès à l’art à ces déficients visuels. Le moyen est de raconter. Derrière son attitude désinvolte, Corine est très précise, consciencieuse et il est hors de question de proposer un « produit » non professionnalisé. Elle suit une formation de podcasteuse super sérieuse offerte par ses enfants pour son anniversaire. Dès les premiers épisodes, personne ne peut deviner que son aventure est récente. Tout est ciselé. Elle confie ses petites astuces de réalisation. Chut, c’est un secret. Le résultat est là.

« Marchons un peu, nous entrons maintenant en pleine nature. Nous tombons en arrêt devant un jaguar. La composition parfaitement rigoureuse illustre avec force le savoir-faire du photographe »

Ses récits autour d’expositions comme celle de Sebastiào Salgado ou de Suzanne Valadon, de lieux comme la villa Cavrois conçus pour les non-voyants rencontrent un succès auprès d’un public beaucoup plus large. Il ne s’agit pas seulement d’une visite ou d’une découverte. L’auditeur est à ses côtés, s’arrête comme elle devant un objet, une sculpture, un détail dans une peinture. Les sujets sont abordés sous tous les

angles. Celui de la visualisation, de la conception et du positionnement dans la sphère artistique. Les récits sont comme des tissages serrés. Tout se tient. Ce qui rend encore plus captivant ces déambulations, c’est la voix. Comme un chuchotement qui enveloppe. Oui, vous êtes seul avec Corine. L’intimité que procure son timbre feutré vous soustrait de l’agitation pendant les 45 mn de récréation culturelle.

« Située à égale distance de la mer et de la montagne Tibidabo, à égale distance des fleuves Besos et Llobregat, au centre de la plaine de Barcelone, La Sagrada familia a longtemps servi de terrain de jeu pour les enfants du quartier »

Corine vous balade à Paris, en Province mais aussi à l’étranger. Elle aime emprunter des chemins de narration qui n’existent pas toujours dans la forêt de podcasts sur les différentes plateformes. Elle aime raconter ce que vous ne penseriez pas demander. Elle a l’œil, l’esprit, les connaissances, vous avez l ‘oreille et l’imagination. Au début de l’aventure, elle ne s’attend pas à tant de travail. Toute la matière qui participe à l’émerveillement de la flânerie demande d’énormes recherches. Mais ce n’est rien au regard du plaisir qu’elle ressent à transmettre et à offrir un joli moment. En interrogeant quelques abonnés à ses podcasts qui ne sont pas non-voyants, ils disent l’écouter...les yeux fermés !


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