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POUR JEAN-MICHEL FAUQUET

Laetitia Bischoff

Le noir couve l’image d’un cerne de brume, tout de go duveteux et solide. L’éclair d’un blanc franc est rare, le lumineux est ligne, pâturage ou parfois il est toute la face d’une structure éclairée dont on ne sait où. Les natures mortes de Jean-Michel Fauquet, je les ai rencontrées à Arles, sous une lumière qui ne leur convenait pas, sous une lumière qui faisait de mon regard un jeu d’escrime. Ses images, les unes avec les autres, étaient pourtant délice d’une patine, d’une cire qui creuse un monde lointain. Et ce monde je l’ai découvert en pointillés, chaque image en un hublot vers celui-ci. Je le retrouve en feuilletant Chien noir aux éditions Filigrane, tournant tant de pleines pages dédiées à des suspensions inventées, à des autoportraits incongrus, jamais flatteurs, toujours tarabiscotés. Chaque œuvre se présente avec une évidence simple et joueuse, si loin de notre réalité. De quoi perdre pied. La matière est reine chez ce photographe, et tant de bois, de métal, de linge sale, de chandails viennent porter ses nuances. Des volumes sont lavés, brossés aussi, tout autant que leur fond, leur décor. La matière c’est le papier et l’objet qui se rejoignent en une seule et même composition, l’inverse d’un écran. Les traces sur le hublot photographique sont aussi grandes que les nuages et s’y mêlent.

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