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LINDA TULOUP : DE LA PHOTOGRAPHIE AU CINÉMA

Jean-Paul Gavard-Perret

Linda Tuloup, Feu, film photographique, Festival Paris l’été, Du 15 au 31 juillet 2021, Lycée Jacques Decour, 75009 Paris.

Dans « Feu » Linda Tuloup mélange images fixes - mais qui défilent lentement et images-mouvement qui empruntent le même rythme. Existent aussi des mots en insert ou en voix off. Là encore alternent les mots de la réalisatrice et ceux de son père disparu qu'elle vient accompagner pour son dernier voyage.

Le tout sans pathos ni macération égotiste. D'où la force d'un tel film généreux qui navigue entre portraits en négatif, vagues, écume, terre, ciel et ville. L'image devient brûlante. D'où le feu. Entre la nuit et le jour qui se superposent. La route (un peu). L'amour - peut-être le plus fort. Le vent.

Et l'évocation pudique d'un père. Du père. Et ses repères si longtemps enfouis. Parfois la musique qui ponctue le silence de celle qui vient, revient, se rappelle sans s'épancher. Dans le rouge. Et le blanc. Et le corps dont soudain la partie gauche fut entravée dans ce retour amont.

Quelle forme donner au visage du disparu ? Sinon la déferlante et le feu. Celui qui fut avant la réalisatrice. Il reste en elle, voire après elle. D'où cette triple incarnation pour une renaissance.

De l'image tendue de la fille au père, d'une berge à l'autre, éclot soudain au delà de l'engendrement l'amour éternel. Le feu, le feu du feu et sa troublante obscurité. Que l'image apaise là où l'amour ne peut s'épuiser. La mort hébraïque n'existe pas car la vie veille dans une telle élégie visuelle. L'aimante est entraînée par la mer vers la terre - et vice versa.

Par un tel film elle s'y élance. Reste le chant premier inaugural sans que la réalisatrice soit l'otage d'une mélancolie, mais l'orante émergeant de sa chrysalide pour un éternel retour. C'est beau.

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