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BOLTANSKI À L’ÉTERNEL PRÉSENT

Marie-Laure Desjardins

Christian Boltanski s’en est allé un jour de fanfare et de feux d’artifice. Celui dont l’art luttait contre la mort avait depuis longtemps compris qu’il n’y échapperait pas. Une mort qui s’était immiscée très tôt dans son existence. A force de chuchotements. Il n’était alors qu’un bambin en prise directe avec son monde. Tandis qu’il dormait, mangeait, jouait, rêvait… la peur et les mots venaient travailler sa moelle et son esprit. Caché sous le planché des mois durant, son père évitait la déportation. L’angoisse cloua sur place tous les membres de la famille qui prirent l’habitude de dormir dans la même chambre et de ne se déplacer qu’accompagnés. Boltanski avait 18 ans quand il sortit pour la première fois seul de chez ses parents. Tout se joue dans l’enfance. On le sait. Pour certains plus intensément que pour d’autres. C’est ainsi que la mort s’empara d’une œuvre qui n’existait pas encore. Mais savoir qu’elle existe n’est pas y croire, remarquait pour lui-même Jankélévitch. « Tout homme porte en lui un enfant mort », aimait rappeler Boltanski. Antienne justifiant à la fois une quête très personnelle et le sentiment d’être comme tout le monde. Son œuvre oscille depuis toujours entre ces deux pôles. Tentons maintenant d’en dérouler le fil.
Né le 6 septembre 1944, Christian Boltanski est le fils d’un médecin juif converti d’origine ukrainienne et d’une Corse catholique...

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