MORGANE AHMAR

Je suis une photographe et activiste française et marocaine établie à Marseille. Ma pratique photographique est indissociable de mon parcours personnel, résolument inscrite dans le monde qui m’entoure et que j’habite en tant que femme à la croisée de plusieurs identités.
À travers mon travail photographique, je me consacre aux sujets liés aux identités, au patrimoine et à la transmission intergénérationnelle. Mon approche est à la fois une posture d’observation de mon environnement extérieur, et une exploration de mon monde intérieur, entre documentaire et journal intime, alliant photographie et écriture.

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La Pierre Plantée,
La Pierre Plantée révèle les correspondances entre deux femmes : mon arrière-grand-mère maternelle et moi-même sur trois territoires : l’Ardèche, sa terre d’origine où elle vit jusqu’en 1939, Marseille où elle passe ses plus belles années d’après-guerre, et Rabat où elle décède loin de chez elle à l’âge de 38 ans. Sans sépulture, son corps est déposé dans une fosse commune, puis perdu.
Soixante-dix ans plus tard, je me déplace en permanence entre ces trois territoires. Rabat où je suis installée depuis quelques mois sans m’y sentir à ma place, l’Ardèche où je vis pendant un temps chez mes grands-parents et Marseille où j’envisage de m’établir. Son histoire me revient en mémoire et je ressens le besoin d’en savoir plus. Je décide de partir à la recherche de son corps pour le ramener à sa « juste place ».
Par la superposition en images de ces territoires recréant de nouveaux paysages intimes, l’utilisation d’images d’archives, d’autoportraits, et d’un carnet de bord lié à la narration photographique, cette série raconte les hasards des rencontres entre deux femmes d’une même lignée, et explore la notion d’ancrage et non-ancrage par nos corps suspendus dans un entre-deux, le sien perdu et le mien navigant sans cesse entre mes deux terres d’origine.