MAYA LOUHICHI
Maya Louhichi (née en 1985, Paris) est une artiste visuelle Franco-Tunisienne dont le travail artistique s’articule autour de questionnements sur l’identité, le rapport au geste quotidien, la notion de trace et de corps.
La recherche autour du mouvement, fluide, dansé ou au contraire entravé, est omniprésente dans sa réflexion. Entre 2009 et 2014, elle a ainsi produit plusieurs séries photographiques sur le thème de l’expression corporelle dans l’univers urbain contemporain.
Son regard photographique face aux mouvements et aux gestes du quotidien l’a invitée progressivement à réfléchir à différentes manières de venir capter témoignages et fragments de portraits pris sur le vif.
La gestuelle si particulière attachée à la cigarette, inscrite profondément dans le quotidien, sera notamment au centre du documentaire « Petites histoires enfumées », réalisé en 2015, où témoignages intimes et mémoire collective tunisienne seront tour à tour confrontés.
En 2018, le décès du père de Maya Louhichi, le réalisateur Taieb Louhichi, provoque un profond tournant dans son travail.
Si le rapport au corps, au mouvement, à la mémoire intime reste au cœur de son approche, d’autres notions viennent alors être questionnées par ses photographies : le deuil, la mémoire traumatique, le mouvement entravé, l’absence, le manque, le vide, la recherche d’archives et de traces.
Son travail est sélectionné pour les Rencontres de Bamako - Biennale Africaine de la Photographie au Mali en 2022.
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Jeudi 23 Février, Paris.
Un appel téléphonique, une chance minime qu’il survive.
Elle, est propulsée hors de la voiture.
Le conducteur, dans son tort, n’a rien. Sauf une voiture qui part à la casse. Nous, ce sont nos deux parents qui reviennent cassés.
Papa ne pourra plus jamais bouger.
« J'ai 20 ans, on est jeudi et je regarde un film » aborde la genèse et les formes d’un traumatisme personnel et la complexité à s’en défaire.
Ce travail est un voyage dans les méandres de la mémoire traumatique, un aller-retour entre passé et présent, Paris, Tunis, et ailleurs.
Pourquoi sommes-nous, malgré nous, souvent replongés dans nos souvenirs traumatiques ? Quel message devons-nous comprendre ou quelle piste doit-on suivre pour que cela s’arrête ?
Pourquoi notre âme reste perdue dans l’espace-temps, alors que l'on souhaite passer à autre chose ?
Accepter qu’il n’y a sans doute pas de réponse à toutes les questions en suspens.
Comme un vagabond, le trauma se balade dans mon être tout entier.
Le chemin qu’il prend n’a a priori pas de sens, mais laisse une empreinte indélébile au plus profond de mon âme en quête de celui- ci, entre étrangeté et réalité.