MAURINE TRIC
Née en France en 1985, Maurine Tric vit et travaille à Paris. Elle est diplômée de l’école des Gobelins à Paris en 2008, après avoir fait des études d’arts appliqués à Sèvres puis à l’EPSAA.
Elle travaille en tant que photographe indépendante pour la presse culturelle et les institutions d’art et d’artisanat.
À l’aide d’une écriture visuelle multiple, poétique et symbolique, Maurine Tric parle de l’intime. Elle utilise la photographie comme catharsis pour questionner la peur du vide, la transmission de la mémoire familiale, le désir/devoir d’enfant et la place de la maternité dans l’identité de la femme.
________
Le Vide n’existe pas
À l’origine du projet « Le vide n’existe pas », il y a mon parcours de PMA (procréation médicalement assistée). De longues heures d’attente dans les couloirs d’hôpitaux, le ticket comme un sésame vers un avenir incertain, les injections ; trop souvent l’échec et les espoirs qui s’envolent. Se pose alors la question fondamentale de l’intimité perdue dans ce qui devient un acte médical là où il ne devrait se trouver qu’un acte d’amour.
Cherchant au-delà des aspects physiologiques, j’ai tenté de comprendre pourquoi je me sens hantée par un vide permanent, une sensation de manque que l’impossibilité de la grossesse ne fait qu’accentuer, aggraver. La psychologie clinique parle de syndrome d’abandon, qui se manifeste par une peur panique de la solitude, une mauvaise estime de soi, une dépendance affective incessante.
Avec l’intuition que cette blessure ne m’appartient pas tout à fait, j’enquête au cœur de ma famille, soulève peu à peu les multiples couches d’une histoire cachée. Lettres, dessins d’enfant, journal intime de mon grand-père, photos vernaculaires… Je creuse, fouille un passé complexe pour révéler les silences familiaux, les habitudes de non-dits, où les absences maternelles et les difficultés à enfanter récidivent de génération en génération.
« Le vide n’existe pas » est un travail de libération de la mémoire cellulaire pour rompre avec les schémas anciens, trahir les loyautés inconscientes, les injonctions familiales et collectives.
C’est un récit de combat contre la pudeur, l’isolement et la détresse de l’infertilité.
C’est une prise de conscience de la présence à soi ou comment prendre soin de l’enfant intérieur pour celui à venir.