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LESLIE COURBON

Vivant à Montreuil, je pratique la photographie depuis une dizaine d’années. Petit à
petit, ce medium devient mon langage, il me permet d’exprimer, au-delà des mots, ce que je ressens et parfois même, de me découvrir moi-même.
C’est ainsi que dans un premier travail sur la boboïsation de la ville de Montreuil, où je venais d’emménager, je me suis rendu compte que ce sujet me tenait à cœur car j’y arrivais en tant que bobo, alors qu’enfant, vivant dans la banlieue bordelaise, j’avais été du côté des boboïsés.
Un deuxième travail, portant sur mon corps, m’a permis d’apprendre à porter mon propre regard sur celui-ci et de répondre à cette interrogation : est-ce que j’aime mon corps ?
Ce goût pour l’image a infléchi la carrière que je mène parallèlement à cette activité
photographique. Initialement formée à la communication scientifique, domaine dans lequel j’ai évolué pendant une dizaine d’années, j’ai décidé il y a quatre ans de devenir graphiste.
Mes photographies ont figuré dans des expositions collectives, lors de l’édition 2019 du Vincennes Images Festival et du Conseil national français des arts plastiques, ainsi que lors d’une exposition personnelle à la Galerie Éphémère en 2020. Elles ont également fait l’objet de publications en ligne sur les sites de Corridor Éléphant et de TK-21.
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Corps Nature
Lorsque j’ai approché 35 ans, je me suis aperçue que mon corps commençait à
changer. Lui qui avait toujours été relativement conforme aux canons actuels, commençait à s’en éloigner. J’ai réalisé que jusqu'alors, je ne l’avais regardé que pour vérifier s’il correspondait à ce standard, toujours à travers ce prisme social, et jamais je n’avais porté sur lui mon propre regard.
Ce constat m’a amenée à me demander comment je pouvais regarder mon corps.
Et, comme je suis photographe, quelle image je pouvais en donner, qui soit une image qui m’appartienne, et qui ne soit pas celle d’un corps de femme tel qu’on peut le voir dans les représentations actuelles.
Cette interrogation en a amenée une autre, plus intime : est-ce que j’aime mon
corps ?
Pour y répondre, je me suis enfermée dans ma chambre, face à moi-même. Petit
à petit, j’ai trouvé comment photographier mon corps d’une manière qui m’était propre.
Mais cela ne répondait pas à la deuxième question et, une fois les photographies imprimées, je les ai rangées dans un placard.
Quelques mois plus tard, je suis partie en voyage en Bretagne. Un lieu dans lequel
je me rends souvent aux beaux jours et entouré de forêts, dans lesquelles j’aime me promener, me retrouver seule. J’observe les oiseaux, les arbres, les chevreuils qui surgissent parfois, et je me sens comme un élément de cette nature. L’été, le soleil qui perce à travers les nuages fait apparaître des rais de lumière qui éclairent des branches, des feuilles ou des toiles d’araignées. J’aime observer ces moments qui m’apaisent et les capter avec mon appareil. Imprimées, les photographies sont rangées dans leur placard.
Et, en rangeant ce fameux placard, les images de mon corps et celles de ces forêts
se sont retrouvées mélangées. Il m’est alors apparu que j’avais photographié l’un et l’autre de la même façon. La réponse à ma deuxième question était alors devant mes yeux : si j’ai porté le même regard sur mon corps que sur cette nature que j’aime tant, c’est certainement que j’aime mon corps.
Mais au-delà, cela ne signifie-t-il pas que le corps est un élément naturel ? Un élément qui peut être observé sans jugement, tout comme on regarderait un animal ou une plante ?

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