FRANCOIS PHILIPPE
Je me considère moins comme un photographe, avec ce que cela devrait impliquer de technique et de matériel sophistiqué, que comme un artiste utilisant la photographie pour des projets artistiques liés à l'être et au corps. Car mes sujets de prédilection, en dessin, peinture, sculpture, écriture et composition musicale (techniques que je pratique modestement), ont toujours été les êtres vivants et la découverte de leur âme et de leur corps dans toute ses beautés plastiques.
Je vous propose donc ce petit retour en quelques dates principales sur les événements et rencontres qui ont accompagné ces projets, grâce à la participation des personnes qui se sont impliquées corps et âme, rarement des modèles expérimentés, toujours des rencontres du hasard passionnantes, artistiques et philosophiques.
Le moment qui va être à l'origine de mon travail actuel se situe en 2003.
En 2003. Je suis invité au festival du nu du Corbier en Savoie parmi les sept photographes retenus pour cet événement. C'est une reconnaissance de mon travail, ce sera aussi une révélation et un moment de rupture avec ma démarche du moment. En effet, je ne me reconnais pas dans le travail des autres photographes accueillis. Je pense qu'il y a autre chose à faire avec la représentation des corps que ces images académiques, ces modèles jeunes et parfaits. Une visiteuse, enceinte de huit mois, sensible à mes images de femmes enceintes, me demande de la photographier. Mais je ne veux plus faire de studio. Je lui propose une séance chez elle, dans son milieu quotidien, sous forme d'un reportage mais avec quand même des lumières ajoutées. Ce sera le début d'une grande démarche dans un nouveau projet artistique très personnel.
De 2003 à 2020. Ce projet interminable est donc né des constats faits lors de l'expo au festival du nu du Corbier. Je décide alors de photographier les personnes chez elles, dans leur intimité, quelles que soient leurs formes, leur âge, leurs styles, dès lors que le challenge les séduit. Naîtront ainsi des dizaines de rencontres, souvent dues au bouche à oreille, qui donneront lieu à une série de nombreux triptyques en noir et blanc appelés « Poèmes intimes ».
De 2012 à 2014. Je crée parallèlement le projet ALCES (Agua Limo Corpus Es) avec un petit groupe de danseuses et une graphiste complice. Recherche sur la découverte de la sensualité, art premier, art tribal et intégration au milieu. Nous travaillons au bord d'une rivière avec des terres et des ocres que nous puisons ou importons sur le lieu.
De 2019 à 2020. Je continue les rencontres avec des modèles improvisés en ajoutant de la mise en scène et de la lumière et je retourne en extérieur.
2021. Dans le cadre du concours sur le thème « le désordre » je m'associe avec MaRlau, artiste elle aussi de l'image et de beaucoup d'autres talents, et complice de ma vie, pour un travail sur les baignoires qui jonchent mon environnement alpestre. Nous ne serons pas retenus mais je serai invité ici.
Plusieurs autres projets plus ou moins avortés sont en cours de réalisation ou momentanément en stand by. Je veux parler ici d'une période d'Urbex vers 2016, de divers reportages, en particulier un sur le strip-tease, d'un projet de sensibilisation à l'environnement, d'un autre sur la danse et j'en passe.
Je recherche de nouveaux complices qu'on appelle aussi modèles, graphistes, vidéastes, danseurs, musiciens, créateurs divers, pour partager avec moi de nouveaux projets.