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ADELINE BOMMART

Après des études aux Arts décoratifs de Paris, Adeline Bommart devient photographe de presse pour l’agence Associated Press (AP) à Paris, puis rejoint l’agence Reuters en Afrique de l’Ouest et Centrale avant de revenir en France. De ces années de presse et de reportage, elle garde une profonde curiosité sur le monde. C’est à la faveur d’une commande sur les derniers jours de l’île Seguin qu’elle se passionne pour la transformation des paysages urbains et industriels, les lieux en devenir, les sites industriels. Par la suite, elle développe un travail photographique personnel axé sur l’évolution des paysages et de lieux tout en répondant à des commandes institutionnelles et privées.
Aujourd’hui, ses photographies sont exposées en France et à l’étranger. On les retrouve dans de nombreuses collections privées et publiques telles que le Cabinet des estampes à la Bibliothèque nationale de France, l’Artothèque de Moselle, le Musée des sciences et techniques de la Villette, le Musée Carnavalet. Elle a été publiée dans de nombreux ouvrages et publications.

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Pendant plus de 10 ans, j’ai photographié en France de nombreux sites industriels abandonnés avant qu’ils ne soient détruits ou réhabilités. J’étais très curieuse de découvrir et photographier ce qu’il restait de tous ces lieux qui avaient été de grands sites de production industrielle en apportant un dernier témoignage.
Fermés pour de multiples raisons : parce qu’ils n’étaient plus performants, parce qu’ils étaient trop petits, parce qu’ils n’étaient plus adaptés à la production d’aujourd’hui, parce que l’industrie n’existait plus, parce qu’ils étaient trop proches de la ville. On y produisait et on y fabriquait de tout : des voitures, des camions, de la farine, du papier, du charbon, de l’électricité, de la sidérurgie, du verre.
Mais au-delà de ce que ces lieux avaient été et de ce qu’ils représentaient, ils dégageaient autre chose. Ils me faisaient basculer dans un autre monde.
« J’entre dans ces lieux comme dans un endroit fantastique ». Je me sens aventurière. D’abord le silence me surprend, le froid me saisit. Puis l’immensité, la perspective sans limite, l’obscurité et ses halos de lumière. Tout est figé. Il y a des graffitis, des objets éparpillés sur le sol, des vitres cassées. Je frissonne devant le vide de cet espace à l’architecture démesurée. Et puis je me mets en marche et mes yeux tels un télescope scrutent tout autour de moi. Je découvre des univers multiples. Il y a des machines qui paraissent attendre qu’on les redémarre, des portes entrouvertes sur un bureau dévasté, des vestiaires aux armoires métalliques et bleu-électrique. Tout témoigne de la présence passée des hommes.
Partout des traces de leur activité : un tas de charbon, un sac de farine, une chaise. Un rayon de lumière pénètre par une fenêtre et me guide. La lumière est la vie dans ces lieux oubliés de tous. Le verre cassé crisse sous mes pas. J’emprunte un escalier qui m’emmène vers les étages. Je me perds. J’explore chaque recoin. J’essaie de comprendre comment cela fonctionnait. Je découvre une forêt de tuyaux, un enchevêtrement de poutres et de câbles, je m’extasie devant une machine improbable qui semble me regarder. Sur les murs, les couches de peintures s’écaillent, l’humidité fait déjà son travail. C’est un autre paysage que j’entrevois sur ces aplats de couleurs, un paysage abstrait loin de la réalité industrielle. Dans cette découverte des lieux, j’oscille entre le passé et le présent. « Le passé bien concret où l’on fabriquait, extrayait avec des procédés industriels précis, et le présent où le temps parait suspendu, avançant lentement pour m’emmener vers un monde sensible et poétique ».
Les photographies ont été réalisées en moyen format argentique 6 x 6 avec un Hasselblad. Les négatifs ont été ensuite numérisés. Elles ont été réalisées dans plusieurs dizaines de sites industriels en France entre 2003 et 2019.


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