DE LA VIE DES IMAGES
UN LIVRE DE LORRAINE ALEXANDRE
ÉDITION NUMÉROTÉE DISPONIBLE EN PRÉACHAT À PARTIR DU 08 OCTOBRE 2025

DE LA VIE DES IMAGES
ÉDITION LIMITÉE, NUMÉROTÉE & SIGNÉE PAR L'ARTISTE
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Corridor Éléphant Éditions propose depuis dix ans des livres d’artistes émergents en édition de collection, limitée, numérotée et signée.
Le livre de Lorraine Alexandre est disponible en édition de collection, numérotée, imprimée sur un papier offset 150 g, avec une couverture pelliculée mate 400 g.
Format 21 x 15 cm. 108 pages. 46 photographies.
L'édition de collection est imprimée en France et envoyée par nos soins dans un très beau papier de soie bleu cacheté.
Afin de permettre d'imprimer le plus grand nombre d'exemplaires en édition de collection, nous vous proposons des lots composés du livre et de tirages de photographies extraites du livre. Acquérir le livre en édition limitée, c’est acquérir un objet unique faisant lien avec l'auteur.
Le travail de Lorraine Alexandre fait appel à « tous les sens », dans tous les sens du terme ou presque. À toutes les temporalités, ou presque. À tous les modes de création, ou presque. On imagine l’artiste devant un métier à tisser donnant à voir le monde à qui l’a décidé, contant l’histoire à qui préfère les fables et dessinant en pointillés des lendemains dont la création elle-même s’excuse de donner les contours.
Difficile à définir, impossible à cataloguer, la création de Lorraine Alexandre prend le pouls d’une époque qui réfute son propre regard, déambulant dans un nihilisme évanescent.
L’éditeur
DE LA VIE DES IMAGES (EXTRAIT)
L'INTERVIEW DE LORRAINE ALEXANDRE
Ce livre est composé de trois séries… Pourquoi ces trois-là ?
Le choix des trois séries s’est fait en dialogue avec l’éditeur, Pierre Léotard, à partir d’une pré-sélection des séries qui me semblaient les plus adaptées aux spécificités d’une publication.
Certaines séries ne sont pas compréhensibles sur un format « livre », certaines perdent trop d’informations, certaines demandent des dispositifs que la bidimensionnalité trahit… La première sélection était donc essentiellement d’ordre pratique et formel. La seconde était plus émotionnelle…
J’ai cependant pour principe d’aimer tous mes enfants… Ce qui complique le dilemme du choix une fois les critères logistiques dépassés… D’où l’intérêt du regard extérieur de l’éditeur qui aide à « trancher ».
Finalement, et sachant que j’ai environ quatre-vingt séries existantes, les trois séries sélectionnées sont représentatives de l’ensemble de ma pratique sur plus de vingt ans.
« Hommage à Marcel Mariën pour commencer... » date de 2012. C’est l’une des dernières à avoir mis en scène un modèle Drag Queen, Aakasha, qui a posé pour de nombreuses séries. J’ai énormément travaillé avec des modèles Drags dans une démarche féministe dédramatisée, interrogeant les enjeux culturels et sociétaux des rapports de genre à travers les jeux d’inversions et les mises en scènes scéniques. Cette série, arrivant tard dans cette approche, prenait le pouls de l’ensemble. Même si j’ai retravaillé la question, notamment avec « Fragments », œuvre dérivée du « Goujon folichon » de Julien Fanthou (alias Patachtouille) par la suite… Cette série est pour moi un joli bilan de cette démarche sur l’inversion des genres.
La série « Les voyages dans le temps » et leurs « Carnets » qui en forment l’œuvre annexe est toujours en cours, mais déjà ancienne. Elle a donc le double intérêt d’être bien installée, permettant de faire des choix dans un vivier important ; tout en étant complètement d’actualité dans ma pratique. Elle représente un jeu de cache-cache, d’autoportraits, plus ou moins sibyllins et ambivalents, et permet de vraiment solliciter l’imagination des lecteur·ices.
Quant à « La Statue » et son annexe, « Le Slow – Hommage à Hubert-Félix Thiéfaine – Alligators 427 », elle tient une place particulière.
Je m’intéresse aux multiples façons d’user des mises en scènes culturellement et socialement intégrées pour communiquer, par l’apparence donnée au corps, son identité. Je suis également très sensible aux enjeux du vivant, de l’écologie… Selon un regard plus élargi, je m’intéresse donc aux liens entre l’art et le vivant.
J’ai longtemps cherché une figure de personnage statufié, une statue vivante. On en voyait beaucoup à une époque dans les rues pour distraire les touristes… Mais les costumes n’étaient pas souvent convaincants… Lorsque j’ai découvert, par hasard, la pièce de théâtre de Didier Brice Le Journal d’un poilu en 2013, ce fut le « coup de foudre » photographique. Il n’apparaît que quelques instants sous cette forme statufiée, mais cet instant m’a vampirisée. Le costume est d’Aurore Popineau qui est, à mes yeux, une grande artiste du costume de théâtre et celui-ci est une merveille. Didier est aussi un modèle – et un homme – adorable et un grand artiste, très précis, exigeant et généreux avec le public. Cette collaboration fait partie des meilleurs souvenirs de rencontres avec un modèle.
Pourquoi le choix du noir et blanc ?
J’ai commencé la photographie à l’âge de onze ans. J’étais alors une grande romantique bercée par la musique de Thiéfaine… Je lisais presque tous les livres cités dans ses chansons… Les chants de Maldoror, Rimbaud, Baudelaire, Poe… Autant dire que j’étais un peu « dix-neuvièmiste » ! Et j’admirais passionnément les œuvres de Julia Margaret Cameron. Au cinéma, ma période préférée était celle du muet. Enfin, je ne me suis même pas posé la question alors… Le noir et blanc s’imposait.
Par la suite, j’ai élargi mon champ de référence évidemment, je ne suis pas passéiste, mais passionnée d’histoire, c’est différent. J’ai réalisé trois séries en couleur entre 2004 et 2007. Elles comptent parmi les séries essentielles dans la structure de mon processus créatif. Elles sont, dans ce sens, indispensables dans mon parcours et je les adore ! Mais, leur qualité est surtout conceptuelle. De fait, j’ai arrêté la couleur, car sur le plan formel, je ne me reconnaissais pas. C’est un peu comme porter le parfum de quelqu’un d’autre, vous vous sentez mal à l’aise et vous avez le sentiment d’usurper une identité. La couleur n’est juste pas mon langage, bien que je l’adore dans les œuvres de mes camarades en tant que spectatrice !
Vous êtes une artiste pluridisciplinaire, qu’est-ce qui distingue selon vous la photographie des autres formes de création ?
Difficile de répondre sans écrire directement un livre sur ce foisonnant sujet !
Déjà, la photographie n’existe pas au singulier ; il existe « des photographies », des pratiques complètement différentes les unes des autres. D’ailleurs, je suis obligée de préciser que je ne suis pas photographe, j’ai fait des études en arts plastiques et non dans une école de photographie. Ainsi, je ne fais pas de la photographie, j’utilise le médium photographique. D’ailleurs, c’est une évidence puisque mes séries sont presque toutes pluridisciplinaires et mêlent volontiers la photo à la performance, au dessin, à l’écriture… une approche propre aux arts plastiques. En tant que plasticienne, je définis mes protocoles de création et, comme disent les photographes, « je n’en fais qu’à ma tête » ! Ell·eux, plus discipliné·e·s, répondent à des critères formels spécifiques, un cahier des charges. La photographie, qui se divise en différentes strates – mode, documentaire, publicité, affichage, studio, etc. – doit être efficace et donc répondre à des formes claires et codifiées. C’est un autre champ, plusieurs champs en réalité, passionnants, que je ne connais que comme regardeuse et que je ne pratique pas du tout. Je ne sais d’ailleurs pas utiliser un appareil numérique. Je travaille avec des appareils, essentiellement un Hasselblad de 1976, qui sont tous plus vieux que moi (aucun, à mon grand regret, ne date du XIXe siècle cependant) !
Comment définiriez-vous votre travail à quelqu’un qui ne le connait pas ?
J’aimerais que ce livre contienne plus d’images que de texte… Ce n’est pas gagné avec moi… alors je vais faire court.
Je suis artiste et chercheuse en art, ce qui me confère la double casquette d’artiste plasticienne et de théoricienne… mais je théorise essentiellement les enjeux de ma propre création. Sans la justifier, sans l’expliquer tout à fait, sans m’autoanalyser au sens psychanalytique du terme.
Je définis ce travail comme un labyrinthe dont je chercherais plus le centre que la sortie. C’est un jeu, mais un jeu très sérieux et éprouvant. Il est vampirisant et détermine toute mon identité et ma personne. Sauf qu’il est parfaitement « inutile » au jeu social… C’est pourquoi ma bulle explose, j’ai besoin, tôt ou tard, de trouver un regard, un contact, un échange. C’est là qu’interviennent les spectateur·ices et je les invite alors dans ma danse visuelle. La plupart de mes séries sont conçues pour activer les processus de projections-identifications et les imaginaires. Par exemple, « Les Voyages dans le temps » invitent cell·eux qui les regardent à s’interroger sur les voyages qu’i·elles aimeraient faire... Alors, venez voir, vous êtes mes invité·e·s!
Pourquoi ce livre ?
C’est une question piège tant elle est évidente. Un livre monographique compte parmi les rêves d’artistes, les réalisations qu’i·elles espèrent pouvoir obtenir dans leur parcours, une étape logique et désirable. Cependant, pour moi, c’est tout particulièrement vrai car ma double casquette d’artiste chercheuse m’a mise en situation de beaucoup publier… mais dans la recherche. Malheureusement, si j’adore ces publications, je dois bien reconnaître qu’elles me noient en tant qu’artiste dans un vivier plus large en terme d’approches et, en même temps, rattaché à la niche de la recherche et donc, peu visible pour le public. Ce livre permet enfin de me positionner en tant qu’artiste.
