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ROGER-VIOLLET, UN DESTIN SINGULIER, PARTIE 2

Jeanne Morcellet

À la Libération, Hélène et Jean-Victor sillonnent et fixent la Normandie et les plages du Débarquement. Très vite à l’assaut du monde, ils photographient un pays lointain et différent chaque année ; ils prennent ici et là des clichés qui accroissent leurs archives et achètent tous les négatifs qu’ils dénichent au hasard de leurs périples. Bientôt l’agence s’impose comme incontournable.

Et puis Hélène se saisit avec brio d’un nouveau champ juridique dédié au droit d’auteur. Dans les années 1960, elle entreprend une politique d’envergure de rachat systématique de collections complètes d’agences et de photographes indépendants. Ses conquêtes commerciales lui assurent la valorisation de son capital photographique et des bénéfices commerciaux conséquents.

Dans son giron, des noms prestigieux - et des photos iconiques : Eugène Atget, Léopold Mercier, Charles Marville, Maurice-Louis Branger, Albert Harlingue, Neurdein, Boris Lipnitski, l’agence LAPI…
À l’ombre de la coupole de l’Institut, Roger-Viollet semble invincible.

Mais quelques années plus tard, c’est la chute marquée par un fait divers, brutal. « La propriétaire de l’agence photographique Roger-Viollet, Hélène Fischer-Viollet, quatre-vingt-trois ans, a été découverte morte, la gorge tranchée, le vendredi 25 janvier 1985, à son domicile, rue des Beaux-Arts, à Paris (6ème). C’est sur les indications de son mari, M. Jean-Victor Fischer, quatre-vingt-un ans, lui-même retrouvé peu avant, les veines tailladées (…) » publie Le Monde quand l’AFP raconte : « La victime a été assommée à coup de barre de fer avant d’être achevée de 15 coups de rasoir et le médecin légiste a constaté sur ses mains des traces de défense prouvant qu’elle a essayé de se protéger des deux mains contre les coups de rasoir. » Jean-Victor nie un temps puis avoue sa haine, nourrie au fil des ans, pour cette femme à qui il doit tout mais qui a capté pour elle seule le prestige et l’argent.

C’en est désormais fini de la glorieuse : la Ville de Paris hérite du patrimoine de l’agence et gère, de crises économiques en impasse financière, la conservation, la numérisation et la diffusion du fonds. En décembre 2019, elle cède à la société NDLR/Photononstop la commercialisation de la marque et du fonds photographique.

L’indépendante Roger-Viollet n’est plus – à défaut, elle tient galerie et se visite.

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