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NICÉPHORE + 2022 : LE CORPS FRAGMENTÉ


Du 8 au 29 octobre prochains se tient la 16ème édition de la Biennale Internationale de photographie Nicéphore + à Clermont-Ferrand, dont Corridor Eléphant est partenaire. Pour l’occasion, nous avons posé quelques questions à son directeur artistique, Patrick Ehme.


Pourriez-vous nous présenter en quelques mots le festival depuis sa création en 2000 ?

Nicéphore + est né de la volonté d’un groupe de passionnés d’image de combler un vide dans le paysage d’une région où, si l’expression animée était largement représentée, la photographie, elle, était singulièrement absente, du moins au travers d’une manifestation d’envergure.
Pour ce faire, l’association Sténopé, créée pour l’occasion, s’était fixée trois objectifs :
– d’une part, aborder toutes les formes d’expression de l’art photographique
déclinées au gré d’une thématique spécifique définie pour chacune des éditions,
– d’autre part, donner accès au public à des expositions qui étaient jusque-là le privilège de villes capitales ou d’institutions de renom,
– et enfin, faire une sorte « d’état des lieux » de l’évolution des approches et techniques photographiques depuis la création de ce médium. D’où cette appellation un peu barbare de Nicéphore +, sous-entendu : « quoi et comment depuis Niepce ? ».
La chance (et un peu d’obstination) a voulu que, très vite, des photographes majeurs ou des galeries reconnues nous fassent confiance et acceptent de nous suivre dans cette aventure. Ainsi avons-nous pu présenter des expositions allant de Nadar, Muybridge ou Dorothea Lange jusqu’à Joel Peter Witkin, Raymond Depardon, David Nebreda, Erwin Olaf, Mickael Ackerman, Jane Evelyn Atwood, Darcy Padilla ou Desiree Dolron pour ne citer qu’eux. Aujourd’hui, nous réservons une place importante à la « jeune » photographie : Thomas Devaux, Cha Gonzalez, Aglaé Bory, Axelle de Russé et tous ceux qu’il nous reste à découvrir et à faire découvrir.


Comment choisissez-vous le thème de chaque édition ? Pour celle de cette année, que cherchiez-vous derrière l’intitulé : « Le Corps fragmenté » ?

Les thèmes naissent souvent d’une rencontre, d’une exposition ou d’une simple image vue au hasard d’un voyage, d’un salon ou de la lecture d’un magazine ou d’un ouvrage, qui soudain font naître l’éventualité d’une extension, l’envie d’une association ou d’une confrontation… 
Pour ce qui est du « Corps Fragmenté », l’idée était de revenir au corps humain, pourtant maintes fois abordé, mais, ici, décontextualisé, déstructuré, dissocié, morcelé… En quelque sorte prendre le contrepied du mythe de Narcisse et montrer que l’évocation d’un détail de notre enveloppe charnelle peut souvent révéler la réalité de notre être profond ou nous faire voyager plus loin que la seule frontière des apparences que nous livrons au monde. Ouvrir de multiples perspectives.


Comment sélectionnez-vous les photographes invités ? Dans cette édition 2022, on en retrouve 4 qui ont été exposés ou publiés sur Corridor Eléphant, est-ce un hasard ?

Une fois la thématique définie, nous nous mettons en quête des photographes susceptibles de la nourrir, de l’enrichir de leur point de vue ou de l’originalité de leur approche. Survient aussi le souvenir d’un travail entrevu, d’une image retenue et des concordances possibles. Ainsi ce n’est pas tout à fait le fruit du hasard si quatre des photographes présentés ont fait l’objet de publications sur Corridor Éléphant, tant il est vrai que le magazine et ses éditions sont pour nous une précieuse source d’informations. À tout le moins, nous partageons des approches et des visions voisines en matière de photographie contemporaine, soit entendu par-là, celles d’une foisonnante jeune génération de photographes.


En dehors de la Biennale Nicéphore +, avez-vous d’autres activités pour promouvoir la photographie ?

En alternance avec la biennale Nicéphore + (autrement dit les années impaires), nous proposons en effet Les Sténopédies. Il s’agit d’une manifestation de moindre importance (du moins en termes d’expositions : Les Sténopédies en proposent 8 contre 18 pour l’édition 2022 de Nicéphore +) qui est à destination nationale et met en lumière des talents émergents sans aucune contrainte thématique. De libres « digressions photographiques », à l’instar des « vagabondages » musicaux de d’Éric Satie, ouvertes aux amateurs comme aux professionnels de l’image fixe, dès lors qu’ils peuvent justifier d’un propos et d’un travail abouti. Il s’agit d’un appel à candidatures, soumis à sélection et assorti d’une aide (modeste) à la production. L’idée étant d’offrir une vitrine à des auteurs en quête de visibilité.
Enfin, nous proposons des expositions tout au long de l’année à des organismes partenaires et l’ouverture récente de notre galerie va nous permettre d’y accueillir non seulement des expositions ponctuelles, mais encore d’y organiser des rencontres avec des auteurs photographes, des workshops ou des lectures de portfolios et des petits ateliers d’éducation à l’image.
Voilà pour l’essentiel de nos activités, ce qui est déjà beaucoup pour une structure exclusivement animée par des passionnés bénévoles.

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