FEMME PHOTOGRAPHE, UNE VIE,
JEANNE DEVOS, LA PIONNIÈRE FLAMANDE
Jeanne Morcellet
Accompagnée de son Rolleiflex ou de son Leica, la gouvernante du curé Lamps aura passé sa vie à mitrailler son monde - rural, religieux et civil. Son voyage photographique n’offre aucune prétention esthétique et n’annonce aucune revendication politique ou sociale. Mais ses 45 années de prises de vue aux 100 000 clichés donnent à voir, à penser et à se souvenir d’êtres anonymes, à jamais disparus et qui nous parlent une langue simple, un rien nostalgique, documentaire encore.
La bonne du bon curé a montré tout ce qu’elle voyait parce que « Rien n’échappait à mon petit œil qui surveillait tout ! ». Et qu’a-t-elle vu ? Des paysans aux champs, des écoliers en classe, des paysages et des animaux familiers, des processions – très nombreuses, et puis des mariages, des baptêmes, des communions…
Jeanne Devos naît en 1902 à Wormhout, près de Dunkerque. Vers 20 ans, elle est diagnostiquée tuberculeuse et son pronostic vital est de six semaines. Un ami de la famille, l’abbé Lamps, l’accueille à la campagne et la sauve. Il lui apprend aussi l’art du cliché. Une amitié naît – à jamais -, sublimée par la passion pour la prise de vue. À 43 ans, Jeanne devient photographe professionnelle. Ses photos parlent de vies ordinaires, de travail, de rendez-vous collectifs, de joie aussi. Des photos témoins d’un passé pas si lointain et pourtant totalement révolu. Une petite page d’histoire.
Photographie : ©Jeanne Devos, collection Jeanne Devos - C.I.F - C.F.F