LOIN DES HOMMES
UN LIVRE DE JULIEN CHE
ÉDITION NUMÉROTÉE DISPONIBLE EN PRÉACHAT À PARTIR DU 02 JUIN 2025

LOIN DES HOMMES
ÉDITION LIMITÉE, NUMÉROTÉE & SIGNÉE PAR LE PHOTOGRAPHE
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Corridor Éléphant Éditions propose depuis dix ans des livres d’artistes émergents en édition de collection, limitée, numérotée et signée.
Le livre de Julien Che est disponible en édition de collection, numérotée, imprimée sur un papier 170 g, avec une couverture pelliculée mate 400 g.
Format 21 x 15 cm. 80 pages. 48 photographies.
L'édition de collection est imprimée en France et envoyée par nos soins dans un très beau papier de soie bleu cacheté. Si cette édition de collection rencontre un succès, elle nous permettra ensuite de diffuser le livre en librairie (diffusion Dilicom).
Afin de permettre d'imprimer le plus grand nombre d'exemplaires en édition de collection, nous vous proposons des lots composés du livre et de tirages de photographies extraites du livre. Acquérir le livre en édition limitée, c’est acquérir un objet unique faisant lien avec l'auteur.
Le travail de Julien Che offre l’immensité au regard, il est l’écho d’un silence propre aux montagnes. Si par définition une image fige son sujet, tout ici, pourtant, lui donne vie. De la lumière, qui ne se choisit pas, aux cadrages que se « méritent ». De la mise en exergue du « détail » du vivant à cette immensité qui nous rappelle cette fragilité que l’on tente d’oublier. La photographie de Julien Che observe et documente, elle raconte également la passion et le respect de l’homme pour la montagne. Elle est œuvre d’art tout autant que travail de géographe.
L’éditeur
LOIN DES HOMMES (EXTRAIT)
L'INTERVIEW DE JULIEN CHE
Pourquoi photographier la montagne ?
Je crois que c'est le premier sujet qui s'est présenté à moi, pour lequel j'ai ressenti un besoin de m'exprimer, de créer à ce propos. Je me souviens en train de dessiner des paysages quand j'étais petit. Et je vais en montagne plusieurs fois par an depuis que je sais marcher, donc ça s'est vite imposé comme un paysage normal pour moi. J'ai dû commencer à photographier la montagne vers mes 15 ans, avec l'appareil numérique de mes parents. Le problème c'est que les photos n'étaient vraiment pas terribles, enfin ça ne me plaisait pas parce que c'était pas aussi beau que ce que je voyais. J'ai donc arrêté quelques années les photos de paysage, ou tout du moins j'en ai pris beaucoup moins et j'ai arrêté de croire que j'en ferais des bien. Mais pendant ce temps j'ai compris que j'étais fasciné, voire obsédé par la montagne. J'y allais tout seul, pendant toute l'année j'étais impatient d'être en été pour pouvoir aller me perdre, marcher loin des hommes.
Comment l'idée ou l’évidence vous est-elle apparue ?
Pour cela il faut remonter à mon master en photographie à Louis-Lumière. J'étais en stage de tirage argentique chez Diamantino, quand il me dit qu'il a une amie qui vend un Bronica 6x7 vraiment pas cher. Je lui réponds que je suis intéressé, et il m'envoie chez Sophie Ristelhueber. Je me suis donc retrouvé avec l'appareil d'une photographe très connue, dont j'apprécie vraiment le travail, mais sans trop savoir quoi faire avec... Après quelques années à tenter par-ci par-là des séries, sans jamais débuter quelque chose qui me plaisait, j'ai un peu laissé de côté ce boîtier. Jusqu'au jour où je suis parti en montagne, en plein hiver, en plein confinement, avec le Bronica « en poche » (il fait 2,7 kg). Et alors que je marchais en raquettes dans cette montagne blanche, où personne ne semblait être venu avant moi, j'ai sorti mon appareil et, ça va sembler un peu cliché ce que je vais dire, mais je crois qu'à ce moment-là j'ai eu une révélation. En regardant sur le dépoli, tout m'apparaissait limpide, en faisant mon cadre je savais si l'image serait bien ou non, j'appréciais la photographie sans avoir encore déclenché. Tout faisait sens pour moi.
Au-delà du paysage, que souhaitez-vous montrer ?
Je crois qu'en premier lieu je veux montrer que ce n’est pas l’exploit qui est impressionnant. On s’intéresse beaucoup plus aux hommes et à leurs performances, et la montagne, le paysage, n’est que leur terrain de jeu alors que c’est ça qui est vraiment impressionnant, incroyable. Ça paraîtra un peu fleur bleue, mais quand je pense à quel point les capitalistes nous poussent à détruire notre environnement, la fonte des glaciers, la perte de la biodiversité, et que je vois la façon dont la lumière du soleil s’accroche sur les montagnes, je me dis qu’au moins ça, ils ne nous l’enlèveront pas. Et je crois qu'au fond j'ai surtout envie de montrer quelque chose de simplement beau, que la personne qui regarde s'évade un instant, qu'elle se dise que peut-être tout n'est pas foutu et que ça vaut encore le coup de se battre. J'aime aussi mettre du mystère dans mes images, qu'on sente un côté sauvage, que ces endroits redeviennent des lieux où l'Homme n'est pas tout-puissant, comme dans ces vieux contes où la nature faisait encore peur et était le repère des esprits, du diable, de l'inconnu.
Pourquoi le choix de l'argentique ?
Il y a déjà ce que j'ai expliqué précédemment avec l'appareil qui m'apporte un vrai plaisir dans la prise de vue, qui devient une sorte de confort malgré l'encombrement dû au moyen format. Il y a aussi l'esthétique inhérente à la pellicule, qui joue un rôle très important. J'ai très rapidement une image qui me plaît, ou tout du moins je sais dès que l'image est scannée si elle sera retenue ou non. Ça me paraît aller de soi, il y a une espèce de ressenti qui me rend très à l'aise quand je fais l'editing, chose que je n'avais pas avant quand je photographiais les paysages en numérique. C'est vrai que je pourrais simuler cette esthétique argentique numériquement, mais je crois qu'au fond j'ai cette volonté dès la prise de vue d'avoir un rapport au temps différent. Je sais que je n'ai le droit qu'à un ou deux déclenchements par sujet, trois tout au mieux, ce qui me permet d'avoir une importante économie d'images et finalement de mieux réfléchir à ce que je souhaite vraiment photographier. Ensuite je dois attendre de rentrer chez moi, emmener les films au labo, qu'il les développe, je retourne les chercher, puis je les scanne, et ensuite je traite les images. Lentement. Tout ce temps me permet d'être à contre-courant de la frénésie médiatique actuelle (ce que je tente tant bien que mal de revendiquer et de partager), et rester ainsi dans le même état d'esprit que quand je pars en montagne et que je fais des photos : je prends le temps d'apprécier ce qui se passe autour de moi.