CORPS DU TEMPS de Georges Dumas
Édition limitée, numérotée, signée par le photographe et certifiée par un cachet à froid. Format 21 x 21 cm, 178 pages. 105 photographies.
La maquette, l’impression et le choix du papier sont réfléchis avec l'auteur afin que l’ouvrage corresponde avec le plus de justesse possible à son travail.
Découvrir le travail de Georges Dumas, c’est appréhender l’autre non en tant qu’individu, mais en tant qu’entité sociale. Le corps est ici évidence et prétexte à la fois. Il devient une création sublimée ou un produit reproductible à l’infini, si tant est que cet infini soit tangible à l’univers de l’artiste.
Le travail de Georges Dumas est un voyage dans le temps dont on ne sait qui est le maître, le photographe ou le plasticien.
Photographe qui fige une réalité laissant transparaître des corps féminins ; vestales perdues au désordre d’une société dont on pourrait garder l’illusion qu’elle n’est pas nôtre. Plasticien qui contextualise la réalité d’un monde s’entêtant à tourner le dos à sa propre espèce.Georges Dumas est un naturaliste moderne, il photographie et « dé-peint » un monde à la recherche de son Origine, dont les Déjeuners sur l’herbe (synthétique) s’inscrivent sur des QR codes, et les révoltes sur des tags.
Axel Leotard
L'INTERVIEW DE GEORGES DUMAS
Comment définiriez-vous votre travail ?
Je crois que, d’une certaine manière, j’envisage mon travail comme la poursuite de l’écriture par d’autres moyens. Parce qu’elles sont figuratives et parce qu’elles sont centrées sur l’humain, mes œuvres disent quelque chose ; il ne s’agit pas forcément d’un discours ou d’une narration, mais de formes nettes porteuses de sens, que le spectateur est libre d’interpréter comme il interpréterait un texte. En littérature, il est convenu de parler d’intertextualité : il en va de même de mon travail, qui est volontiers référentiel et s’appuie tant sur une tradition artistique européenne que sur un air du temps, une contemporanéité dont il est à la fois le miroir et la critique. Pour ces raisons, mon travail est foncièrement une réflexion sur le temps.
Pourquoi publier une rétrospective maintenant ?Une amie artiste, aujourd’hui décédée, m’avait dit à mes débuts qu’il fallait dix ans pour commencer à percer, surtout lorsqu’on est autodidacte. C’est effectivement ce qu’il m’a fallu pour que mon travail déborde les frontières de mon réseau francilien patiemment constitué. Un nouveau public, national et international, découvre et collectionne mes œuvres depuis environ trois ans, en ignorant presque tout de mes premières réalisations. Je trouvais pertinent de proposer un panorama de mes créations à ce public, afin qu’il saisisse ma démarche sur le temps long. Quant à ceux qui me suivent depuis le début, ils trouveront à travers cette monographie un condensé sur papier de la soixantaine d’accrochages qu’ils ont pu voir au cours des quinze dernières années, dans une présentation que je crois stimulante. Enfin, la sortie du livre précède de quelques semaines ma première exposition rétrospective, qui aura lieu à la chapelle Saint-Pry de Béthune de janvier à mars 2022, sous le commissariat de mon galeriste Pierre Garnier : il était capital à mes yeux que les deux événements coïncident.
Votre travail a-t-il changé en quinze ans de carrière ? Quelles sont pour vous les grandes lignes de ces évolutions ?Tout l’intérêt de cette monographie est justement de faire voir les évolutions de mon travail au cours de ces quinze années de carrière. Si l’on excepte mes expérimentations initiales qui forment la matière du premier chapitre, ma technique et les principaux éléments caractéristiques de mon style se sont fixés assez rapidement : carrés, fonds noirs et glacis acryliques ont constitué mon identité visuelle dès 2008. Ce qui a changé au fil des ans, c’est ma maîtrise grandissante de l’outil numérique, le rôle différent que j’ai fait jouer aux carrés, l’introduction progressive de la tête puis du visage dans mes nus, l’apparition de figures vêtues, du graffiti et de la polychromie, ou encore l’insertion d’un contenu narratif ou politique dans certaines œuvres. Plus que de changements, il s’agit d’enrichissements constants, d’élargissements progressifs de ma palette esthétique et thématique, à partir d’une grammaire visuelle mise en place précocement.
N’avez-vous jamais eu envie de photographier autre chose que des corps ? Savez-vous pourquoi ?Si la monographie présente un vaste panorama des quinze années de création qui viennent de s’écouler, ce panorama est loin d’être exhaustif. Corps du temps est centré sur la figure humaine, car c’est cette dernière qui a été au cœur de ma démarche artistique et a représenté l’essentiel de ma production. Il existe cependant d’autres travaux, qui n’avaient pas leur place dans le livre, mais qui m’ont pourtant bien occupé à certaines périodes. Il y a eu par exemple une série de paintographies consacrée aux mannequins de vitrine (le corps humain disparaissant ainsi au profit d’un avatar en plastique), ou encore un travail sériel intitulé Digital Absurdities qui proposait des œuvres faites d’accumulations de 169 à 756 clichés sur des sujets aussi variés que fake news, paysages urbains, scènes de nu (sous la douche, dans un couloir, dans un escalier, etc.), parties de dés ou d’échecs, et même la préparation d’un verre d’absinthe. Et enfin, je me dois de préciser que les premières œuvres que j’ai vendues en galerie étaient des photographies d’architecture prises à Londres et à la Défense, dépourvues de toute présence humaine. Le corps et la figure humaine n’ont donc pas été mon unique sujet et j’ai la certitude qu’il en sera de même au cours des quinze prochaines années, même s’ils resteront à n’en pas douter un sujet de prédilection…