Il donne rendez-vous au bar des théâtres, proche du pont de l’Alma. Cette adresse emblématique du 8ème arrondissement depuis 1945 a l’atmosphère feutrée aux lumières basses et velours rouge que l’on retrouve dans les théâtres. Ceux des Champs Elysées et du Rond-point sont à quelques pas. George Lepauw commande un cappuccino. La silhouette fine, le visage romantique et serein, le large sourire laissent deviner le travail précis et ciselé mais également un esprit vagabond que l’échange confirmera au regard de son parcours. George est un pianiste de 41 ans. Un petit focus sur sa vie met en évidence l’impossibilité d’échapper à la musique. Fils et petit-fils de violonistes respectivement membres de l’Orchestre de Paris et de l’orchestre de l’Opéra de Paris, il assiste, dès le couffin, aux répétitions de son père à la salle Pleyel ainsi qu’aux festivals d’Aix-en-Provence où ce dernier est en résidence. La musique infuse délicatement cet enfant qui grandit dans une maison à Asnières. Enfance heureuse, aimante et musicale.
À 3ans, il commence le violon auprès de son père et très rapidement, il effleure les touches noires et blanches du piano avec Aïda Barenboim. Son apprentissage se poursuivra avec les meilleurs professeurs comme Elena Varvarova, qui le prépare à son premier concert public à la Sacem à tout juste dix ans. D’autres virtuoses lui offriront le plus bel apprentissage qui soit. De sa maman journaliste américaine, il hérite d’une double culture. Son père l’invite à ne pas suivre le parcours classique du conservatoire pour rester libre. Il l’écoute. À 16 ans, il part vivre aux Etats-Unis pour une durée indéterminée. Il est déjà pianiste professionnel mais désire ouvrir d’autres options. Pour ne pas être pris au dépourvu au cas où...Apprendre, découvrir d’autres matières. Il étudie l’histoire et la littérature à l’université de Georgetown et obtient, dans le mêmetemps, un master en musique à l’université Northwestern de Chicago. Au fil des années, les Etats-Unis, l’Europe, la Chine, l’Amérique latine l’accueille pour des récitals, des concerts de musique de chambre, des concertos avec orchestre. La presse ne tarit pas d’éloges. Il est le « pianiste prodigieux » de la musique classique pour le Chicago Tribune.
L’avantage que lui a procuré sa culture musicale acquise loin du cadre traditionnel est un regard indépendant, très libre en pensées et en actions ainsi qu’un réseau de professionnels inspirants. Sa potion c’est l’enthousiasme. En parallèle de sa carrière de concertiste, il construit des projets qui le nourrissent et lui permettent d’ôter cette étiquette d’élitisme qui colle, parfois, à la musique classique. Il crée « le journal des musiciens » et dans le même temps un festival à Chicago en vue de séduire la nouvelle génération, trouver un équilibre entre toutes les musiques, créer des conversations entre les artistes, tisser des liens. Un énorme
travail où la musique de Beethoven, au centre, est mixée à des musiques venues d’ailleurs, de la danse, des expositions artistiques, des lectures. Une occasion de déceler des trésors et talents qui ne savent pas communiquer. L’énergie mise au service de la transmission. George se définit comme un activiste culturel. En tant que Délégué Général de l’International Movies et Music Festival à Chicago, il réunit Vingt mille spectateurs autour du cinéma et de la musique, avec des des projections, concerts et conférences.Il fonde également une association pour le mécénat musical aux Etats Unis, toujours. Riche des expériences américaines, il est impatient de retrouver le public français et européen. Pour le centenaire de la mort du compositeur Claude Debussy, il est reçu dans l’Idéal Artist House d’un artiste, quai de Valmy, dans le 10ème arrondissement de Paris. Un lieu magique. Une ancienne usine transformée en lieu pluriel. Atelier, habitation, et 250 m2 largement ouverts sur un petit jardin. La lumière entre de toute part, tout autant que la nuit. Les notes de George voyagent dans cet espace conçu pour la musique. Une parenthèse musicale qui se passe de mots pour les chanceux invités à l’écouter. Debussy...compositeur français qui, selon lui, mériterait que le ministère de la culture lui rende hommage à ce moment précis. George s’y emploie mais sa requête essuie un refus au motif qu’il s’agit d’un musicien trop élitiste. No comment ! Ce musicien inhabituel fourmille de projets. Il les développe mentalement dans les longues randonnées qu’il affectionne dans la forêt de Fontainebleau avec sa sœur également musicienne. Il écrit pour l’Association Beethoven France, le BBC Music Magazine, et pour sa propre revue en ligne. Ses master classes dans des conservatoires du mondeentier ainsi que ses cours particuliers sont très suivis. En 2022, George sort un album. L’intégrale des Préludes de Debussy enregistré par le label Orchid Classics et disponible sur les plateformes numériques. En 2022, toujours, « à l’Ukraine, aux victimes innocentes de cette guerre inutile » il reverse les dons perçus à Médecins sans frontières lors d’un hommage musical. L’élégie du grand compositeur ukrainien Mykola Lyssenko tiré de sa Suite opus 41. Rien ne peut être plus juste pour lui que d’abolir les limites. Ses deux objectifs pour les cinq ans à venir sont ambitieux. A court terme, il a prévu un évènement en Ukraine pour l’été prochain. Dix jours de rencontres, de créations de liens. Provoquer des échos entre la musique classique et celle de l’Ukraine. Avant la guerre, cette scène musicale se tournait davantage vers Moscou.
George est d’ailleurs en contact avec le directeur du festival musical d’Odessa pour bâtir des « succursales » en France et en Europe.
A plus long terme, il va produire une dizaine d’albums qui délivreront les 32 sonates pour piano de Beethoven, écrites entre fin 1790 et 1820. En soutien et complément, une captation filmée et un documentaire sur l’histoire de chaque sonate.
Comme le parfum, nous gardons en mémoire et associons la musique à des
moments précis. C’est notre patrimoine intime. Certains dansent, rêvent sur la
musique, d’autres l’écoutent.
Pas à l’ordre du jour mais niché dans son esprit, un projet d’association musique
photographie ne serait pas pour lui déplaire. Il n’y a pas que les blanches et les
Son arrière- grand-mère avait son studio de photographie professionnelle à Leforest dans le nord,
proche de Douai. Assez incroyable pour l’époque ! Son père, violoniste, avait une passion pour l’image qui lui a valu quelques expositions et des publications. La photo est donc une histoire familiale. Avec la majorité, il s’est laissé gagner par cette discipline. Pour le regard, le point de vue sur le monde, la technique n’est pas son sujet. C’est pourquoi, il est aussi heureux et à l’aise avec un portable, un appareil jetable ou plus sophistiqué. Il immortalise les voyages, les flâneries, les personnes seules ou en groupes.
Restons donc à l’écoute d’un projet son et image !
https://georgelepauw.ghost.io/
https://youtu.be/PprpIzgHk1A
www.georgelepauw.com
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