OLD DOMINION BACKROADS
UN LIVRE DE JONATHAN CAMÉLIQUE
ÉDITION NUMÉROTÉE DISPONIBLE EN PRÉACHAT À PARTIR DU 10 NOVEMBRE

OLD DOMINION BACKROADS
ÉDITION LIMITÉE, NUMÉROTÉE, SIGNÉE PAR LE PHOTOGRAPHE
________
Corridor Éléphant Éditions propose depuis dix ans des livres d’artistes émergents en édition de collection, limitée, numérotée et signée.
Le livre de Jonathan Camélique est disponible en édition de collection, imprimé sur un papier semi-mat 170 g, numéroté et signé par l’auteur.
L'édition de collection est imprimée en France et envoyée par nos soins dans un très beau papier de soie bleu cacheté.
Acquérir le livre en édition limitée, c’est désirer un objet unique faisant lien avec l'auteur.
Format 21 x 15 cm (format cahier). 70 pages. 35 photographies. Couverture 400 g semi-mate. Papier intérieur 170 g semi-mat.
Il y a une route et des photos dont les marges cadrent les espaces traversés, fixent les escales, l’étrangeté d’un monde qui semble si proche et si lointain. Au fil des images, au-delà du voyage, une signature photographique se devine, se dessine, finit par s’affirmer. Il y a une première lecture qui confirme la cohérence du travail et le regard du photographe. Vient enfin le travail de la mémoire qui associe les éléments vus et pousse à parcourir de nouveau le travail non à la recherche du récit photographique, mais de l’ « Histoire » que l’artiste réussit à photographier.
L’éditeur
OLD DOMINION BACKROADS(EXTRAIT)
L'INTERVIEW DE JONATHAN CAMÉLIQUE
Comment vous est venue l’idée de ce travail ? Dans quel contexte a-t-il été réalisé ? Sur combien de temps ?
Eh bien, l’idée s’est imposée par elle-même, sans que je la cherche vraiment. En 2018, je suis allé en Virginie pour la première fois, à l’occasion d’un concert auquel je participais. C’est là que j’ai rencontré plusieurs artistes qui sont devenus par la suite des amis proches. J’y suis finalement retourné cinq fois. À chaque voyage, j’en ai profité pour explorer l’État en long et en large, toujours avec mon appareil photo sous la main. À ce moment-là, je ne pensais pas du tout à un projet et photographiais ce qui attirait mon regard, un peu comme un touriste curieux.
C’est seulement lors de mon dernier voyage, en 2025, que les choses ont pris forme. En replongeant dans mes archives sur place, j’ai commencé à voir une sorte de fil rouge entre les images prises sur plusieurs années. Il y avait une narration qui se dessinait naturellement et j’ai alors décidé de prendre les deux semaines qu’il me restait sur place pour me consacrer uniquement à la photo et compléter ce récit de manière plus intentionnelle.
Au total, j’ai passé un peu plus de deux mois en Virginie, répartis sur sept ans. Ce qui m’a marqué, c’est tout ce que j’ai découvert grâce à mes amis : leurs histoires, les lieux qu’ils m’ont fait découvrir… J’ai été frappé par cette autre facette de l’Amérique, loin de l’agitation des grandes villes. Un endroit où le temps semble ralentir, où les paysages respirent. J’ai eu envie de mettre en lumière cet État qu’on connaît peu, mais qui offre énormément à ceux qui prennent le temps de l’explorer.
Avez-vous fait ce travail dans l’optique d’aborder une thématique particulière ? Si oui, comment l’avez-vous choisie ou comment s’est-elle imposée ?
Non, je ne suis pas parti avec une thématique en tête. Elle s’est dessinée peu à peu, au fil des kilomètres parcourus. La vérité, c’est que la Virginie est un État très rural, encore profondément marqué par son histoire. Dès qu’on quitte les grandes villes, qui ne sont pas si grandes en réalité, on se retrouve très vite en pleine campagne, dans des endroits où le temps semble s’être arrêté.
Là-bas, on ne croise pas les mêmes visages que sur Sunset Boulevard ou la 5e Avenue. On rencontre une autre Amérique, plus discrète, plus ancrée dans ses traditions. Il y a d’ailleurs quelque chose qui rappelle un peu le sud-ouest de la France, peut-être à cause du passé français de la région. Les gens sont chaleureux, ils viennent spontanément vers vous si vous semblez perdu, ils prennent le temps de discuter. Dans les petits restaurants, les serveuses vous appellent « Honey », ce qui surprend au début, mais qui finit par résumer la douceur de vivre qu’on ressent sur place. Les gens sont curieux, ils vous posent des questions sur la France, sur votre vie là-bas. Il paraît que ça s’appelle « l’hospitalité du Sud », et c’est quelque chose que j’ai vraiment ressenti. Sans m’en rendre compte, c’est cette atmosphère que j’ai eu envie de capter à travers mes photos, d’abord pour ne pas l’oublier, puis pour la partager.
Au-delà des images, que diriez-vous de la Virginie à quelqu’un qui ne la connait pas ?
Oh, il y a beaucoup à dire ! Mais je crois vraiment que la Virginie est un État qui peut faire évoluer notre regard sur les États-Unis. Moi-même, avant d’y aller pour la première fois, j’en avais une image assez négative. Honnêtement, je n’avais pas tellement envie d’y mettre les pieds. Et puis, une fois sur place, mon regard a changé. Bien sûr, ce que je critiquais avant, la surconsommation, l’étalement urbain, le capitalisme exacerbé, existe toujours, et parfois de manière assez violente. Mais j’ai appris à nuancer mon jugement.
Ce qu’on a du mal à réaliser depuis l’Europe, c’est l’immensité du pays. La Virginie, à elle seule, fait presque la taille de la Bulgarie, et ce n’est pourtant qu’un petit morceau du territoire américain, à peine 10 % je crois. Donc forcément, on ne peut pas porter un regard figé ou généraliser sur un pays aussi vaste sans prendre en compte toutes ses réalités internes et ses nuances.
Et puis, la Virginie, c’est un État magnifique où cohabitent des plaines agricoles, la chaîne des Appalaches et l’océan Atlantique. C’est une diversité de paysages assez folle. Longer les crêtes de la vallée de Shenandoah au coucher du soleil, ou traverser l’État de Chesapeake à Lynchburg en passant par des marais, des champs de cacahuètes, des plantations de tabac, puis arriver au pied des Blue Ridge Mountains, ce sont des expériences qui vous font rêver. On se laisse porter par le temps qui semble s’effacer.
Pourquoi le choix du noir et blanc ?
Honnêtement, je suis plutôt mauvais en photo couleur. Ce qui me parle, ce sont les lignes, les ombres, les actions… Je n’ai pas ce regard qui sait marier les couleurs ou les voir comme un élément fort d’une scène. Le noir et blanc, lui, va à l’essentiel. Il simplifie, il épure, et surtout, il transmet une émotion brute, directe. C’est ça que je cherche, ce n’est pas du tout pour son côté « intemporel ». J’ai horreur qu’on me dise : « On dirait une photo d’époque. » Le noir et blanc ne donne pas de repères temporels, c’est vrai, il n’impose pas une lecture non plus, mais il oblige à regarder vraiment, à aller chercher les détails soi-même, là où la couleur oriente le regard vers les éléments forts d’une photographie. Je trouve qu’il crée un lien plus intime entre l’image et celui qui la regarde et comme mes projets sont souvent très personnels, ce lien-là me semble essentiel.
Vous photographiez l’humain et quand vous ne photographiez pas l’humain, vous en photographiez les traces. Comment définiriez-vous votre photographie ?
C’est une question que je me pose souvent et à laquelle je n’ai jamais vraiment de réponse. Je dirais que ma photographie est instinctive. Ce qui m’importe, c’est la proximité avec ce que je photographie, que ce soit les personnes ou les lieux. Une proximité physique, mais aussi émotionnelle. Je ne pourrais pas photographier quelque chose qui ne me touche pas, d’une manière ou d’une autre. C’est pour ça que je reviens toujours à ma ville, ou à des endroits qui résonnent fort en moi, comme la Virginie.
Quant à l’humain et ses traces, il y a chez moi une fascination, un mélange d’attirance et de rejet, pour la manière dont l’homme façonne son environnement, le construit pour finalement le détruire. Je crois qu’il y a, dans ma démarche, quelque chose de proche d’un travail ethnologique qui m’aide à trouver une part de beau dans le moche que nous laissons au monde et à apprendre davantage de l’environnement qui m’entoure. J’essaie de comprendre les gens à travers ce qu’ils montrent d’eux-mêmes, mais aussi à travers ce qu’ils abandonnent. Rencontrer, observer, et quelque part, mieux saisir d’où nous venons pour essayer d’entrevoir où nous allons.
PRÉACHETER LE LIVRE