PHILIPPE REMY
L’éphémère de l’image s’inscrit dans l’impermanence de tout être et de toute chose. Mes photographies se construisent tel un puzzle de mon imaginaire, de mes fantasmes, souvenirs et perceptions, comme une reconstruction, une mise en scène de mon intériorité au travers du fil du temps et de l’histoire. Je tente sans cesse d’harmoniser le regard du présent et la mémoire du passé. Mon objectif est que le spectateur ne voie pas ce que j’ai photographié, mais l’expression de mon ressenti, la projection de ma subjectivité, la déformation de la réalité. Et ainsi provoquer une réaction émotionnelle qui s’apparenterait au trouble que j’ai moi-même ressenti.
Les photographies proposées sont réalisées sur pellicules noir et blanc (format 120 et 35) et sont ensuite numérisées et travaillées en chambre claire.
__________
OverExposedPhotographisme
Segmenter autrement l’égrenage du temps pour le déconstruire, le recomposer et ainsi errer dans un moment d’arrêt sur image.
Dans le vieillissement, les couches s’affinent et flétrissent, les protections s’amenuisent. L’armure qui, dans ma jeunesse, me permettait d’affronter le monde et ses altérités, se détache de moi par lambeaux, des pans entiers entraînant avec eux les « paraître » et les faux-semblants qui me protégeaient des intrusions de la dictature de la morale et des valeurs que je ne partageais pas. L’effroi que suscitent la mise à nu, la transparence, la fluidité de soi et l’éventuelle imprégnation par osmose d’esprits potentiellement pathogènes m’a inspiré une ébauche de solution : une lamination et une recomposition par segmentation afin que les fluides sociétaux ne me pénètrent plus et, s’ils y parviennent, qu’ils se perdent dans une confusion organique. Il paraît que cette disposition à se mélanger et à semer le trouble s’apparente à de la folie.
![]() | ![]() | ![]() |
---|---|---|
![]() | ![]() | ![]() |