NATHALIE AUDRAIN

Nathalie Audrain est née à Lyon en 1977. Elle vit et travaille en région parisienne. Traductrice et artiste, elle utilise divers mediums comme la musique, la photographie, le dessin et l’écriture poétique pour s’exprimer. Ayant un fonctionnement synesthésique, elle perçoit notamment les chiffres et certaines lettres en couleur. Sa pratique photographique commence à l'adolescence, avec sa famille et ses amis, qu’elle aime faire poser. Elle ressent le besoin de créer quelque chose de beau, elle veut se souvenir du bonheur au cas où il disparaîtrait. Elle restitue visuellement les impressions perçues par ses autres sens et considère ses séries comme des voyages sensoriels et oniriques. Elle aime également s’inspirer de figures littéraires comme Virginia Woolf, pour aborder les thèmes qui lui sont chers. Ses sujets de prédilection sont l’amour, l'enfance, la maladie chronique et la synesthésie.
La série présentée ici fait l’objet d’un livre intitulé Butterfly Powder, un voyage photographique dans la vie et l'œuvre de Virginia Woolf, qui restitue l’essence et l’esprit créatif de l’écrivaine à travers des impressions sensorielles.
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« On ne vous a jamais dit que vous ressembliez à Virginia Woolf ? » me confie une collègue.
Woolf était synesthète, c’est-à-dire capable d’associer plusieurs sens de façon involontaire, une couleur pouvant évoquer un bruit, un mot une couleur. C’est un phénomène que je comprends, voyant moi-même les lettres et les chiffres en couleur depuis toujours. J’ai longtemps pensé que tout le monde avait une perception similaire.
Pendant mes études d'anglais, je me plongeais dans les textes de Woolf comme j’abordais la poésie : s’imprégner des mots, accepter de ne pas tout comprendre. J'étais fascinée par sa créativité et sa liberté, par ses réflexions sur l'écriture, l'amour, l'élasticité du temps et la fragilité de l'instant présent. 
Butterfly Powder est une « rencontre » avec Woolf ; cette série relate l’impact de sa vie et de son œuvre sur moi-même, à travers une recherche synesthésique et personnelle. Il s’agit d’abord d’un voyage sensoriel, au cours duquel je restitue visuellement les empreintes que laissent les mots sur moi et les impressions perçues par mes autres sens. Ces derniers fusionnent parfois. J'explore la perméabilité entre eux et la fluidité avec laquelle je passe de l'un à l'autre. Je retranscris l’une des craintes de Woolf : la peur d’être enfermée, au sens propre et au sens figuré. Ma série est un hymne à la liberté : la liberté d’être soi-même.