EVELYNE CHEVALLIER
Dès l'âge de vingt ans je vais passer deux ans en Équateur, ce qui déterminera mon premier métier de guide-accompagnatrice et mon éternelle envie de voyager.
Après ces années passées à l'étranger, je me stabiliserai à Paris dans la presse liée à la photographie. De là suivront plus de dix ans dans le luxe qui seront déterminants quant à mon regard et à mon apprentissage du détail visuel. L'idiotisme " le diable se cache dans les détails" y prend tout son sens. Cette expérience chez Cartier et Dior, deux des plus grandes industries du luxe français où je suis chargée de l'information pour la presse internationale, comprend la production de tous les visuels qui lui sont destinés. Ces années seront suivies d'autres expériences à nouveau dans la presse, et toujours liées à la photographie.
Arrive l'Argentine en 2010, où je me rends pour un petit voyage de 3 semaines et où je vais rester quasiment 5 ans d'affilée.
Ayant travaillé avec beaucoup de photographes de talent, je me suis longtemps sentie empêchée de faire des photos. Le temps et la distance aidant, je m'y suis enfin autorisée ! Et tout commence là, à Tilcara.
Je photographie aussi bien des paysages, des fleurs, que de l’architecture et, en parallèle, tous les graffitis que je rencontre pour la création de mes photos - collages. Ce seront mes premiers vrais travaux photographiques. Quand je parle de graffiti, je parle précisément de phrases solitaires graffées sur les murs des villes ou des villages, et pas des œuvres des street-artistes.
Pendant la pandémie et ses confinements, je suis à nouveau restée presque un an d’affilée en Argentine, et mon travail a, de ce fait, beaucoup évolué.
De collages très bavards, je suis passée au dépouillement, presque désertique, au sens propre comme au sens figuré. D’un côté je réduis au maximum les graffiti dans mes collages et de l’autre je photographie de plus en plus ces paysages exceptionnels que j'ai la chance de côtoyer.
Au cours de ces allées et venues, particulièrement en Argentine, régulièrement au Chili et parfois en Bolivie aussi, je cherche l’immensité avant tout. L'altiplano est un de mes lieux de prédilection.
L'immensité m’émeut. Mes premières émotions devant tant de grandeur, c'est en Équateur que j'en ai fait l'expérience. Tous les soirs, à Quito, l'étonnement était au rendez-vous quand le Pinchicha, la montagne qui domine la ville de ses 4600m, se découpait sur la nuit tombante.
Peut être que mes photographies de paysages commencent toutes par un émoi, ce que je vois provoque une vraie excitation mentale et physique, je suis bouleversée, je ne sais quoi dire, mais en faire des photos devient possible. Ne serait-ce que pour tenter de revivre l'émotion première ou de ne pas les oublier, sans doute.
Le mot de beauté, tant galvaudé, qu’il en devient difficile de l’utiliser à bon escient, est pourtant le premier qui nous vient à l’esprit. C’est si beau parfois qu’on se laisse envahir.
J'ai eu tant de chance, si jeune, de vivre face à de telles splendeurs visuelles, qu'il m'est devenu nécessaire d'aller en chercher d'autres, ailleurs, et toujours.
J'en ai d'abord fait un premier métier de guide-accompagnatrice, et maintenant je continue de voyager pour faire de la photographie. Tout est lié, connecté. Pas de scission, mon parcours n'est que l'addition d'expériences complémentaires.
La nature, les montagnes, les mers ou les déserts, m’offrent le repos mental indispensable à la création. L'horizon le plus lointain possible. Au-delà duquel on peut tout imaginer.
Suit très vite l'envie impérieuse d’aller voir plus loin, au-delà du dernier sommet ou de la dernière dune. Une curiosité insatiable qui pousse, souvent à défaut de pouvoir y aller, à les garder comme compagnons de route grâce à la photographie.
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